AP1 : Robotique et sobriété

Sur neuf indicateurs environnementaux identifiés comme « limites planétaires » à ne pas dépasser pour assurer la survie de l’humanité, six sont actuellement sous tension extrême : pollution chimique, dégradation de la biodiversité, de l’eau potable, du climat, des cycles de l’azote et du phosphore, de l’usage des sols. Face à ce constat, le comité d'éthique du CNRS observe que : « Le monde de la recherche doit ainsi se demander dans quelle mesure le fait (...) de travailler sur telle thématique (...) est susceptible d’engendrer des impacts néfastes pour la biosphère, de conforter à moyen ou long terme des modes de production ou de consommation non durables, etc. Inversement, la recherche doit maximiser son rôle moteur pour produire et mettre en valeur des savoirs permettant d’élaborer des solutions face aux bouleversements environnementaux en cours. »

Or, depuis le tout premier robot commercial installé en 1961 dans une usine General Motors, le premier domaine d'application de la robotique industrielle a été durant six décennies la production automobile, détrônée seulement depuis 2021 par l'industrie électronique : depuis ses débuts, la robotique contribue donc activement et sans cesse à des modes de production et de consommation non durables.

Pourtant, la robotique peut aussi contribuer à réduire les besoins en ressources (gains de productivité, re-localisation, transformation de l’industrie), réparer notre Planète (surveillance de l’environnement, de faune sensible, dépollution et nettoyage des environnements naturels et humains, restauration des écosystèmes, prévention des catastrophes naturelles et industrielles, gestion des risques et secours aux populations), réutiliser, ressourcer et recycler (désassemblage et tri des déchets, logistique en circuit court, économie circulaire, reconditionnement, assistance à la réparation de produits industriels, prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires, barrages et parcs éoliens).

L'impact environnemental des robots eux-mêmes n'est pas non plus anodin, et un travail mérite d'être mené pour minimiser leur empreinte écologique et/ou maximiser leur cycle de vie : Analyses de Cycles de Vie (ACV), utilisation de matériaux bio-sourcés, systèmes bio-inspirés, solutions robotiques modulaires, ou upgradables, etc.

Thèmes émergents et défis


Sur ces sujets encore nouveaux en robotique, quelques propositions récentes visent :
la surveillance d'écosystèmes (naturels, forestiers, agricoles ou marins) pour monitorer les ressources abiotiques (humidité, état du sol, concentration en polluants) ou biotiques (état de la faune et de la flore) dans le but de mieux comprendre les facteurs ou phénomènes mettant en péril ces écosystèmes, ou pour surveiller des zones sensibles (parcs naturels protégés, lutte contre le braconnage),
l'automatisation d'opérations culturales agricoles et/ou agroécologiques, pour répondre à des difficultés sociétales (vieillissement et manque de main d'oeuvre, pénibilité du travail) tout en essayant de contribuer à une agriculture de précision, sachant que les robots agricoles peuvent aussi se révéler plus respectueux des sols de par leur poids réduit,
la dépollution et le tri automatiques des déchets,
la conception de robots à partir de matériaux bio-sourcés.